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samedi 22 janvier 2011

Le temps passe , on ne voit plus les jours défiler. Nous sommes actuellement dans le village de Jiquilillo, un vrai dépaysement, une vue imprenable sur le Pacifique. La plage envahie par les pêcheurs, des bateaux multicolores apportent du mauve, du rose, du bleu à nos journées.
Je me surprends à décrire ma maison à un enfant d’ici et ça me plait de lui dire que ma casa est blanche, jaune et azul (bleu en espagnol), ça laisse rêveur.
Notre maison roulante est envahie par les sourires des enfants d’ici qui trouvent que tout est « bonito » chez nous et que c’est grand.
Leurs cabañas ont pratiquement la même taille que notre pipingcar et pendant que nous partageons cet espace à 4, eux le partagent à 7 ou 8 sans compter le cochon ni les poules.
Le Nicaragua fait partie des 10 pays les plus pauvres du monde, plus de 40 % de la population vivent avec moins de 1 $ par jour.
Les gens semblent pourtant heureux ici, des enfants jouent dans les rues ou plutôt sur les chemins de terre. Ils profitent d’une liberté qui nous semble totalement inconnue, dépassée.
Les enfants d’ici passent toutes leurs journées en dehors de chez eux sans que les parents ne s’en inquiètent ; ici règne vraiment un esprit de village , chacun est responsable de la quiétude de son lieu de vie et puis, tout le monde vit dehors ici.
Seuls quelques bus et camions traversent le village, le moyen de transport le plus pratique et le plus couru est le vélo .
Malgré toute cette ambiance, ce lieu magnifique, ce poisson fabuleux que nous allons chercher à même le bateau, nous nous sentons incongrus ici. Avec nos bonnes manières, notre table et nos chaises, nos agacements de citadins, notre savoir faire et non être, ce petit coin de paradis ne semble pas fait pour nous.
Nous passons des moments inoubliables : une petite fille de 10 ans nous apprend à préparer un rouget ( une première pour nous), un petit garçon montre à l’asticot le maniement du lance-pierres. Magique et instructif.
Nos petits bipèdes ont participé aux activités préparées par les volontaires du rancho pour les enfants du village ; c’est comme l’école sauf qu’ici les enfants ont entre 2 et 16 ans, un vrai capharnaüm. Ici, on apprend l’entraide, les respect des règles et consignes élémentaires ( dire « gracias » et « por favor »)


Ces derniers jours passés contrastent avec les jours qui les ont précédé.
La visite du volcan Masaya encore en activité qui menace à tout moment d’imploser. Première consigne de sécurité : se garer en marche arrière au cas où nous devrions prendre nos jambes à notre cou. Une odeur soufrée envahit l’atmosphère, une fumée épaisse est crachée par les fonds souterrains et tout cela, dans un panorama où l’ocre prédomine.
La ville de Masaya, capitale de l’artisanat nicaraguayen : échoppes, masques carnavalesques, poteries, bijoux, couvertures, hamacs. Une forteresse où fourmillent touristes et gens du coin ; le jeudi soir, s’invitent des danses folkloriques : sombreros et jupes volantes prennent possession de la scène.
Nous retrouvons nos amis français au lago apoyo, question de se raconter nos derniers déboires et découvertes, et aussi pour se dire une dernière fois au revoir, (pour la quatrième fois) parce que cette fois-ci c’est la bonne, Mymi doit accoucher dans 3 mois, il est donc temps pour eux de se poser quelque part pour l’accouchement, on se donne rendez-vous pour la naissance  au guatemala ou au Mexique, à suivre.
Ensuite Granada , son parque central, son lac, son ambiance décontractée, les carioles tirées par les chevaux, les vélos qui serpentent dans les ruelles, les maisons coloniales, le volcan Momombacho en fond d’écran mais aussi la pauvreté des grandes villes . Des enfants  dont la vie se limite à sniffer de la colle, à se prostituer et encore à mendier pendant des journées entières.
Des mesures sont pourtant prises : ces enfants orphelins ou envoyés par leurs parents reçoivent des repas quotidiennement distribués par les associations mais préfèrent les hamburgers, l’argent des touristes et ne vont pas à l’école, et entrent alors dans un cercle vicieux.
Nous croisons aux détours de nos promenades (à pied, nos petits bipèdes portent bien leur nom) des processions étranges, un baptême évangéliste  et un cortège funéraire tiré par des chevaux. Un autre monde.
Nous repartons ensuite pour Leon  après une journée passée sur la côte Pacifique à Las Penitas.
Petite pause sur le sable ; calme absolu à part la saleté : beaucoup de détritus envahissent la plage.
Discussion avec les gens du coin, un Italien vivant ici 6 mois par an fuyant le froid de son Frioul. Nous faisons connaissance avec 2 policiers locaux qui nous demandent …de l’argent pour acheter de l’essence pour leur moto, s’ensuit alors une longue discussion dans laquelle El Padre précise qu’il n’est ni la Banque Nationale du Nicaragua ni son président . Quelques sourires et nos deux policiers prennent le large.
Nous décidons , après avoir pris conseil auprès des locaux, de dormir en bord de plage .
Tout se prête ici pour passer une nuit agréable et fraîche mais vers 23 h, les 2 policiers reviennent avec les mêmes demandes, tentent l’intimidation , sollicitent quelques dollars pour assurer  notre sécurité car, selon eux, le lieu où nous nous trouvons est mal fréquenté la nuit.
Olivier persiste dans sa position et nos deux cerbères remettent les gaz mais l’inquiétude s’empare de nous et décuple quand arrive une voiture et ses cinq occupants.
Le cœur est serré, une boule se met en travers de notre gorge, que faire ?
Après quelques minutes de réflexion, nous décidons de partir sur le champ, les enfants ,toujours dans leur lit, nous fermons toutes les fenêtres, enlevons au dernier moment nos pare soleil et démarrons en trombe sous les yeux hébétés des 5 paisibles muchachos venus partager un repas entre amis.
Nous nous arrêterons au village suivant face à un hôtel avec vigile ; les enfants ne se sont pas réveillés, nous attendons que nos membres cessent de trembler, que les images sombres qui ont investi nos pensées s’évanouissent avant que le sommeil ne reprenne ses droits.
Nous ne saurons jamais si cet endroit , en apparence et en témoignages rassurants, était bel et bien dangereux .. rien à part les paroles des policiers ne laissait présager d’un danger quelconque.
Réveil entre les cochons, les poules, les bœufs et les pêcheurs aux premières lueurs du jour.
Direction Leon, grande ville coloniale et touristique, capitales des révolutionnaires sandinistes
Des musées relatant la révolution jalonnent les rues de la ville : Musée des Martyrs et Héros, Musée de la Révolution,…
Face à la cathédrale (la plus grande d’Amérique Centrale), la grande révolution et ses souvenirs ont envahi l’ancien QG de la Guardia Nacional (= armée au service du pouvoir en place).
Aujourd’hui s’étalent sur les murs des photos anciennes, des coupures de journaux, les détails sanglants de la révolution ; les guides sont d’anciens compañeros et dans leurs yeux transparaissent encore  toutes les horreurs vécues, le sang déversé que ces années n’ont pas effacé.
Ils sont fiers de leur combat, en témoignent leurs cicatrices qu’ils se plaisent à nous montrer et la fierté non dissimulée à nous expliquer que le rouge de leur bandera représente le sang et le noir, la mort.
Une telle force se dégage de leurs discours qu’on aimerait partager  leurs convictions peu objectives. C’est le communisme qui transpire dans  chaque parole, dans chaque photo, dans cette tranchée reconstituée, dans ces armes de fortune préparées jadis dans le fond d’une arrière boutique  probablement sordide. Leurs armes : des cocktails Molotov, des pierres,  des grenades  artisanales  font face aujourd’hui sur un mur, comme 20 ans auparavant, aux  armes  plus sophistiquées de la Guardia Nacional : fusils AK 47, grenades « professionnelles », tanks.
Comme si on y était.
En l’interrogeant sur les projets électoraux de Daniel Ortega, actuel Président de la République et ancien militant révolutionnaire sandiniste, notre interlocuteur nous a fait part du projet  de construction d’un canal plus performant ( 2 X plus large) que celui du Panama.
Celui-ci permettrait , d’une part, des rentrées financières pour le pays et , d’autre part,  aux alliés  de toujours (la Russie, la Chine, l’Iran, Cuba et le Venezuela)  de venir perturber l’équilibre stratégico-militaire et de mettre la pression sur les USA .
Nous laisserons là notre compañero qui, entouré du Che, de Fidel Castro et de Sandino, poursuit à sa manière sa révolution.
Le soleil de plomb qui  nous attend à la sortie nous remet les idées en place et nous mènera vers plus de quiétude dans une hacienda portant le drapeau de l’Art de l’Amérique Centrale d’hier et d’aujourd’hui, sous toutes ses formes.
Balade rafraîchissante entre galeries et jardins dans un décor colonial qui fait rêver.
On prendrait bien possession de toute cette architecture mais dans quelle pièce mettrions-nous la salle de bains ? Trop de pièces aux grandes ouvertures, aux plafonds hauts , aux carrelages magnifiques , difficile de choisir.
Pour le pipingcar, on n’a pas eu le choix c’était plus facile. La porte à gauche en entrant juste à côté des lits superposés et de la cuisine. Une évidence !!!
La nuit tombée, le Parque Central grouille de monde : tout pour manger, se divertir, boire un verre. On mange debout ou sur un banc, une valse entre les piétons et les vélos commence sous une musique aux sonorités hispaniques.
Nous rencontrons un Gantois vivant ici depuis 3 ans qui monte un projet de construction d’immeubles pour personnes aux revenus moyens ; on lui parle de nos mésaventures avec la police et il nous confirme qu’effectivement les policiers qui gagnent 80 $ par mois ne reçoivent qu’un dollar par jour pour leur essence.

3 commentaires:

  1. coucou les zamis,

    Quel plaisir de vous lire, en plus de nous faire vivre votre quotidien, on en apprend sur le pays , les coutumes etc... un récit fouillé, bien documenté et ce qui ne gâche rien, très bien écrit (je te découvre là un vrai talent.. un petit livre de votre périple en rentrant? ).
    Ici il fait "cras" comme on dit si bien dans le Tournaisis... pas un seul jour de beau temps depuis des semaines..sniiffF. Opération dents de sagesse réussie mais j'ai morflé, après une semaine un oedeme réapparait et je suis repartie pour les médocs et 3 jours de plus de CM. Point positif; je peux prendre le temps d'écrire ce petit mot. La chambre de la petite avance, on espere la finir pour son annif mais bon, on y croit pas trop.... L'inscription à l'école est faite pour Septembre, ça m'a fait tout drôle....
    Voilà pour les ptites news. J'espere que tout va bien de votre côté.

    TAKE CARE

    biz

    Gene

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  2. Quelle aventure décidément...

    Le talent de mécano d'El Padre m'impressionne!!!Et le don d'écriture de Mamkelia, c'est un réel plaisir de lire vos aventures...

    J'aimerai bien vous envoyer un peiti coucou filmé de Caroline mais ne sais pas comment m'y prendre??

    Biz

    La famiglia Cornélis

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